• Quelques lectures pour l’été 2024

    photo Pierre Ahnne

     

    Malgré les turbulences et les intempéries, il est des choses immuables… Ainsi, tous les ans, à la fin du mois de juin, je prends congé de mes lecteurs pour quelques semaines. Le moment de le faire cette année est venu. Il est aussi, comme tous les ans, l’occasion de revenir, dans des suggestions de lectures estivales, sur quelques-uns des ouvrages qui m’ont le plus frappé depuis le mois de janvier dernier. J’espère qu’ils charmeront l’été de ceux qui me lisent – car la lecture aussi fait partie de ces choses sur lesquelles s’appuyer quand le reste vacille…

     

    Des enfances et au-delà

    10, villa Gagliardini, Marie Sizun (Arléa)

    Marie Sizun nous offre un de ses plus beaux livres avec ce récit dont le personnage principal est le modeste appartement qui abrita son enfance et son adolescence. Les lieux et les choses, à demi-mot, disent tout.

     

    Jeunesse, Tove Ditlevsen, traduit du danois par Christine Berlioz et Laila Flink Thullesen (Globe)

    Le deuxième tome de la Trilogie de Copenhague : la grande écrivaine danoise morte en 1971 y raconte son entrée dans le monde du travail, sa découverte de l’autre sexe, ses premières publications. Radicalement personnel.

     

    Je est un autre, Jon Fosse, traduit du néo-norvégien par Jean-Baptiste Coursaud (Bourgois)

    Le deuxième volume de la Septologie où le Prix Nobel 2023 évoque ses débuts dans la vie sous le masque du peintre Asle. Bière, rock, peinture, présence de Dieu, écriture singulière. Chef-d’œuvre.

     

    Cinq filles perdues à tout jamais, Kim Fu, traduit de l’anglais par Annie Goulet (Héliotrope)

    Cinq petites filles errent dans une contrée inhospitalière et tâchent de survivre. Cette expérience dictera-t-elle ce qu’elles seront plus tard ou révèle-t-elle ce qu’elles étaient déjà ? La jeune écrivaine canadienne joue, dans ce récit brillamment construit, avec les notions de hasard et de déterminisme.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Des démons

    La Prise du diable, Lina Wolff, traduit du suédois par Anna Gibson (Les Argonautes)

    Elle est sous l’emprise du « petit gros ». Mais il est lui-même sous son emprise à elle. Chacun est habité par son propre démon, et celui de l’héroïne nous parle et nous subjugue, au long d’un magnifique monologue intérieur.

     

    Braconnages, Reinhard Kaiser-Mühlecker, traduit de l’allemand par Olivier Le Lay (Gallimard)

    Jakob est heureusement marié et son exploitation agricole reçoit le titre de « Ferme de l’année ». Mais, en lui, quelqu’un d’autre veille. Et le mal, on le sent, est partout.

     

    Je ne suis pas un héros, Eric Ambler, traduit de l’anglais par Simone Lechevrel et Patricia Duez (L’Olivier)

    L’éditeur poursuit sa republication des œuvres d’Eric Ambler, inventeur, parmi d’autres, du roman d’espionnage moderne. 1938, l’Italie fasciste, la guerre qui approche… Personnages louches, rues obscures, et le Grand Jeu qui suit son cours. Haletant.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Des voyages

    Taipei sous la pluie de prunes, Éric Faye (Picquier)

    L’écrivain voyageur erre dans ses souvenirs de plusieurs voyages en Asie. Exotisme, éclairage précis de lieux extrêmes… Surtout, jeux de la mémoire et grâce de l’écriture.

     

    Motl en Amérique, Sholem-Aleikhem, traduit du yiddish par Nadia Déan-Rotschild et Evelyne Grumberg (L’Antilope)

    Trois ans après Motel fils du chantre, le dernier livre d’un grand écrivain de langue yiddish. Le jeune héros-narrateur découvre un pays neuf, une langue nouvelle, le métro, les « mouvingue pictcheures ». Humour, fantaisie, vitalité inlassable.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Des voisins

    Le Mariage, Dorothy West, traduit de l’anglais par Arlette Stroumza (Belfond)

    À Martha’s Vineyard, dans l’Oval, quartier des « gens de couleur » fortunés, une noce s’apprête. L’écrivaine afro-américaine trousse une brillante satire, parcourt toute l’histoire de sa communauté, et nous entraîne dans la zone incertaine qui s’étend entre noir et blanc.

     

    Les Oracles, Margaret Kennedy, traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel (La Table Ronde/Quai Voltaire)

    Une chaise de jardin frappée par la foudre et qu’on prend pour une sculpture… Tel est le point de départ d’une comédie de mœurs moquant, avec une étincelante drôlerie, le snobisme des amateurs d’art et l’étroitesse d’esprit des autres. Comme toujours chez l’auteure du Festin, ce sont les enfants qui l’emportent.

     

    Bel été à tous, et rendez-vous fin août pour parler de Jérôme Ferrari, de Claudie Hunzinger, d’Eduardo Halfon, de Mariette Navarro et de bien d’autres…

     

    Si tout se passe comme prévu, ce blog devrait, au cours de l’été, changer d’hébergeur. Mais pas d’état d’esprit.

     

    photo Marion Hérold

     

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